Depuis que le monde est monde, l’Homme (avec un grand H, je précise pour éviter les morsures des chiennes de garde) répond à ses instincts dont celui de reproduction, sinon nous ne serions pas là en train de gloser ! Avant d’assouvir cet instinct, il faut au préalable s’accoupler et pour ce faire, que chacun trouve sa chacune ou que chacune trouve son chacun !

L’art subtil de la conquête (ou pas)
Dans la société où je suis né un magnifique lundi du mois d’octobre 1964, c’est aux hommes de conquérir la femme. Peut-être devrais-je parler à l’imparfait même si je trouve que c’est le présent qui me semble très imparfait. Depuis des siècles, faire la cour à une femme inspire toute une littérature et d’innombrables œuvres d’art qui nous parlent d’amour. Ah, l’amour, l’amour, toujours l’amour. Que n’a-t-on pas fait pour l’amour ? Pourquoi serait-ce à l’homme de conquérir ? Je me demande s’il en a toujours été ainsi dans toutes les civilisations ?
Quand les femmes prennent les devants
Il paraît qu’aux confins du sud-ouest de la Chine, non loin de la frontière Tibétaine, réside un peuple matriarcal, les Mosos, où les femmes n’hésitent pas à faire le premier pas. Pour flatter le chauvinisme, nous dirons que la France a inventé l’amour courtois, le marivaudage et la mini-jupe, même si pour cette dernière, les Anglais prétendent que c’est eux ! Je pense plutôt qu’ils ont inventé le corset… Est-ce que l’amour aurait existé sous nos latitudes si l’on ne nous avait pas parlé d’amour ? Pour certains rustres et philistins on se le demande… Evidemment, je parle de l’amour passion, eros et non pas d’agape ni de philia. Celui qui nous fait tomber amoureux.

Les joies de se prendre des râteaux
Nous autres, pauvres hommes, sommes condamnés à lancer des ballons d’essai et à recevoir des camouflets, à faire des bides, à se prendre des vents, des vestes, des taules, des râteaux ! j’ai recherché l’origine de l’expression « prendre un râteau », cela reste opaque, je n’ai rien trouvé de convaincant.
Avant de se faire éconduire, il faut entreprendre la belle. Comme je l’ai dit dans Rêve d’enchantement, aux éditions Godefroy de Bouillon, je suis un amoureux maladroit, là où les autres courtisent, il paraît que je drague. Là où les autres sont prévenants et attentionnés, moi, je suis collant. Là où la maladresse des uns est touchante, la mienne est navrante. Tout est affaire de circonstances, d’humeur et d’appréciation.
À moins que mes camarades mâles soient moins chasseurs que proies, pour la simple raison que ce sont eux qui sont tombés dans les filets de la belle. À quinze ans, les sens sont en émois et les sexes se rapprochent. C’est à cette période de l’existence, vers la fin de l’adolescence, que la plus belle et respectable chasse est ouverte : la chasse à l’amour ! Elle est tellement plus noble que l’infâme chasse à l’homme devenu la chasse aux sorcières…

Je précise, car c’est nécessaire à notre époque, que je suis « cisgenre », c’est à dire que je suis en accord avec le genre qui m’a été assigné à la naissance. Pour parler simplement, je suis un homme dans sa plus navrante banalité d’hétérosexuel convaincu. Je suis un pauvre mec attiré par les femmes ! Eh oui, c’est un peu rance… mais que voulez-vous, je me complais dans mon état bientôt atteint d’obsolescence.
Je reviens à l’adolescence, au printemps de l’existence, c’est le moment où la nature exige une pollinisation chez la flore et une copulation chez l’espèce humaine. Ce qui est une nécessité voulu par la nature devient vite une habitude, pour ne pas dire un réflexe conditionné. Ça drague tous azimuts ! Eh bien je n’ai pas honte de draguer, car, sans des hommes de mon espèce, l’Humanité ne serait plus ! Quand une femme dit qu’elle est draguée par un homme, c’est qu’elle ne l’aime pas, sinon elle dit qu’il lui fait la cour.
Mais attention, aujourd’hui, draguer est risqué. Entre les chiennes de garde, les néo-puritains et les écoféministes qui veulent déconstruire les hommes, ces derniers n’ont qu’à bien se tenir ! Bientôt, au train où ça va, il faudra demander une autorisation délivrée par le ministère de la condition féminine pour avoir ne serait-ce que le permis d’adresser la parole à une femme.
Depuis que tous les abrutis ont les yeux fixés sur leur portable en marchant, je me sens le dernier homme à regarder les jolies femmes dans la rue. Et j’en suis fier ! Je le confesse, je suis un mateur, un reluqueur, en termes plus élégants j’admire sans scrupule les beautés de la création divine. Mais ce que Dieu permet, la société contemporaine ne l’admet plus ! Charles Denner dans le film L’homme qui aimait les femmes, c’est moi.
Et si les femmes draguaient ? La révolution en marche
Eh bien, soit, une fois n’est pas coutume, je vais faire preuve d’un esprit révolutionnaire et mettre mon côté réactionnaire en veilleuse. Quand, je dis « révolutionnaire » c’est au sens propre du terme : je vais renverser la donne ! je propose que, dorénavant, les femmes puissent draguer sans retenue, sans gêne et sans complexe. À l’instar de Françoise Giroud qui disait en 1983 « La femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignera une femme incompétente. » Eh bien j’ajoute, en plus, que la femme sera l’égale de l’homme lorsqu’elle pourra mettre une main aux fesses à un homme qu’elle désire sans passer pour une ribaude.
Oui, la voilà la véritable révolution, la femme doit pouvoir draguer de façon ostentatoire. Pourquoi chez les hommes c’est de la drague et pourquoi chez les femmes ce serait du racolage ? Soyons sincère, cela arrangerait bien certains hommes de mon acabit si les femmes draguaient sans scrupule, cela éviterait de se prendre des râteaux. Pourquoi baissent-elles les yeux ? Pourquoi ne sifflent-elles pas les hommes dans la rue ? Mais peut-être qu’elles le font déjà par d’autres moyens, notamment sur les réseaux sociaux et les sites de rencontres.
Car, oui, les femmes draguent ! Et si par miracle, une jolie femme me draguait, je pourrais réaliser un grand fantasme, celui de lui dire : « écoute, je préfère que nous restions amis ! ».