Commençons par bien connaître notre langue avant d’en baragouiner plusieurs
Par snobisme saugrenu, j’entends trop souvent des Français prétentieux qui n’hésitent pas à montrer à toute occasion leur connaissance de l’anglais, comme s’il fallait que leur bêtise devienne une denrée destinée à l’exportation. D’ailleurs, plus ils le parlent mal, et plus ils tiennent à nous le montrer. Pourquoi parler anglais si c’est pour dire les mêmes âneries qu’en français ? Sans doute parce que la sottise semble atténuée lorsqu’elle s’exprime dans une langue étrangère.
Posons-nous la question fondamentale : pourquoi un Français devrait-il savoir parler anglais ?
- Si c’est pour devenir interprète ou traducteur, c’est utile, voire nécessaire.
- Si c’est pour apprendre un bon anglais littéraire afin de comprendre les auteurs anglophones, c’est louable.
- Si c’est pour aller draguer les petites Anglaises, c’est légitime.
- Si c’est pour faire du commerce international, ça l’est déjà moins.
Mais si c’est pour apprendre un anglais globish, cet anglais vulgaire au sens propre du terme puisque utilisé dans le monde entier, c’est déplorable !
L’important n’est pas de parler plusieurs langues mais de bien maîtriser la sienn. (Ndlr. d’ailleurs, et à ce propos, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en parle dans son papier intitulé « Pouruqoi promouvoir la langue française? ».) Et lorsqu’on a la chance d’être français, la moindre des choses est de promouvoir la langue française.
Actuellement, tout est fait par nos élites pour que l’anglais devienne la seconde langue officielle en France, et progressivement la seule employée dans le monde des affaires et de l’enseignement supérieur.
Mais l’étudiant japonais qui souhaite s’immerger dans notre culture et faire ses études en français, où devra-t-il aller ? Au Québec ? Au Congo ? Ils n’ont rien compris, ceux qui ne réalisent pas que nous serons d’autant plus attirants que nous resterons nous-mêmes.
Faut-il être à ce point capitulard devant la toute-puissance de l’anglais pour renier notre langue ? Si l’on ne peut pas grand-chose face aux puissances de l’argent, que l’on me laisse au moins combattre par le verbe, donc en m’exprimant en français. Les hautes personnalités politiques, industrielles, artistiques, intellectuelles… françaises qui ne profitent pas de leur position pour faire la promotion de la langue française sont des félons.


Notre époque donne une prime à la médiocrité. Je n’ai rien contre l’anglais et encore moins contre toute autre langue, mais avant de les apprendre superficiellement, je préfère approfondir ma langue maternelle. Je souhaite goûter à toutes les subtilités et finesses de celle qui m’a été transmise dans le ventre de ma mère et que toute la vie ne suffira pas pour en connaître une part infime.
Je suis persuadé qu’il est plus enrichissant de bien maîtriser une langue que d’en connaître plusieurs médiocrement. D’ailleurs, l’amour de sa langue maternelle oblige à s’intéresser à la provenance des mots qui nous viennent de l’étranger. La subtilité des acceptions dans sa langue amène à mieux comprendre celle des autres idiomes.
Malheureusement, l’époque ne l’entend pas ainsi et préfère niveler notre langage jusqu’à nous astreindre à employer un sabir vulgaire de commercial bas de gamme. Eh bien non ! Je préfère continuer à parler et écrire autant que possible dans un français qui ne ferait pas trop honte à Molière, à Chateaubriand ou à Barbey d’Aurevilly, quitte à passer pour précieux car la langue française m’est très précieuse.
J’aime ma langue et je ne connais qu’elle. On parle de langue maternelle et nous n’avons qu’une mère. De même que l’on ne gifle pas grand-mère, on n’abandonne pas sa mère, on ne lui tire pas dans le dos, et on ne l’empoisonne pas ■