Si s’habiller en homme passe plutôt inaperçu, se parer de vêtements dédiés à la gent féminine, quand on n’en est pas une, pourrait nous donner mal à la tête si on y réfléchit trop. C’est vrai, je l’avoue, le concept est loin d’être nouveau, mais je voudrais y apporter un autre angle de vue, celui qui me martèle le crâne en ce moment. Je me pose trop de questions, sans nul doute. Je me pose toujours trop de questions.
L’histoire que j’ai vécue
Moi, dont le père est transgenre, femme depuis bientôt 7 ans, vu qu’elle n’a plus de zizi (suivant une définition de Valérie Gans), mais un vagin ; moi, dont la grand-mère devait être lesbienne puisqu’elle ne désirait pas se marier et souhaitait plus que tout entrer au couvent — pas mal comme plan en 1945 —, je dispose évidemment d’indices supplémentaires qui me conduisent dans cette voie, mais chut — ; je viens d’apprendre que Jessy (nom d’emprunt) est de genre fluide. C’est en tout cas la conclusion qu’iel — j’y suis bien contrainte — en tire après un très long chemin de prise de conscience et de questionnements, des années de réflexions et de méditation. Autant vous dire que Jessy évolue dans ma sphère proche, assez proche pour que mes pensées s’enlisent dans le sujet.
Donc moi, femme cisgenre, mère, épouse, blanche et tout le tralala on ne peut plus normé, je suis vouée à vivre, si pas dedans, très proche, au-delà des limites, de la sphère LGBTTQQIAAP+ (je ne veux oublier personne et utilise donc l’abréviation — haha — la plus longue qui existe, l’américaine). J’y baigne et tente de ne pas m’y noyer. Je dois admettre que je ne sais pas où se trouve la normalité que certains prônent avec véhémence, moi qui côtoie tous les jours aussi une personne asexuelle — décidément, je les collectionne. Il n’y a pas de normalité, juste des exceptions. Il faut être insensible, souffrir de déréalisation, ou vivre dans le déni, pour ne pas s’en apercevoir. Je suis d’ailleurs moi-même, si conventionnelle, une anomalie dans ma sphère.
Un peu d’histoire et de vocabulaire
Avant de partager avec vous mes états d’âme, il me semble opportun de préciser quelques notions et aussi d’expliquer ce dont je ne vais pas parler dans cet article.

Se travestir
Ce verbe aurait pu s’orthographier comme ceci : transvêtir, et aurait pu signifier : faire un transfert de genre dans sa façon de se vêtir, s’habiller en femme lorsqu’on est un homme et inversement. Ce mot pourrait coller à la perfection aux personnes transgenres, d’ailleurs tout le monde y croit dur comme fer. Et bien non, se travestir est bien plus généreux ! Il s’agit de se déguiser, de s’accoutrer comme quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre. Les enfants qui se déguisent en princesse ou en Winnie l’ourson se travestissent.
Les transgenres
Je vais me focaliser sur ce que propose le Larousse, un point de départ comme un autre. Les transgenres, définit le dictionnaire, sont des personnes dont l’identité de genre n’est pas en adéquation avec le sexe qui leur a été assigné à la naissance. Mon père est d’accord avec cette explication, même si elle est très primaire, elle est néanmoins correcte. Dès lors, il est important de préciser que les transgenres ne se travestissent pas, ils s’habillent tout simplement. Il n’est jamais question de se déguiser en ce quelqu’un d’autre qu’ils ne seraient pas. La transidentité, n’est pas un paraître, n’est pas un show. La transidentité, c’est être vraiment, à 100 %, et avoir le courage de l’affirmer.


La drag-queen
Le Larousse, pour rester fidèle, nous indique qu’il s’agit d’un travesti excessivement maquillé et vêtu de manière extravagante. La drag-queen nous vient du monde du spectacle où elle magnifie à l’extrême ou caricature la femme. Elle peut être incarnée par un homme ou une femme, sans distinction, ce qui élargit le spectre du travesti. Les drag-queens ne sont pas transgenres, même si certains de ces derniers ont trouvé leur voie dans cette discipline artistique. Il est parfois bienfaisant d’unir l’utile à l’agréable.
Le travesti
La définition du Larousse nous apprend que nous parlons d’un homme, souvent homosexuel, travesti en femme. Le dictionnaire spécifie qu’il est question d’un homme. Il est désormais évident de comprendre que le travesti n’a rien à avoir avec le transgenre. Je doute très fort qu’un homme transgenre (individu identifié femme à la naissance et devenu homme) se déguise en femme par la suite. Il s’agirait d’un des non-sens les plus absurdes.

Depuis la nuit des temps, des hommes se travestissent en femme, que ce soit à l’époque libertine des orgies romaines ou celle, moins ouverte, de la comédie française du 17e siècle. Dans ces temps-là, il était interdit aux femmes de monter sur scène, c’étaient des hommes déguisés qui endossaient les rôles féminins. Le monde de la nuit, des spectacles et du plaisir, de l’amusement, est truffé d’hommes habillés en femmes. S’habiller en femme relève donc du plaisir, constatation utile à retenir pour plus tard.
Histoire sérieuse ou fanfaronnade — parenthèse sur la transidentité
J’ai très envie de répondre à cette question récurrente au sujet de mon père (pour rappel, mon papa est une femme) : est-ce bien sérieux ou plutôt du cinéma ?
Mais quoi donc ? Le fait de se sentir femme et de se déguiser en femme, alors qu’il est un homme.
Il me faut constamment un temps d’accusation du coup avant de pouvoir réagir. Je tempère systématiquement, ahurie de cette ignorance. Je ne conçois pas qu’en 2024, alors que notre société nous rebat les oreilles avec ces sujets de grande actualité, la plupart n’ont toujours pas compris.
C’est parce qu’ils ne sont pas directement concernés.
Bien moi non plus je ne suis pas directement concernée et c’est d’ailleurs un cas de figure que je ne comprends pas : se sentir d’un autre genre. Je suis on ne peut plus cis, je ne peux m’imaginer différemment, l’idée me dégoûte même, mais je dois admettre que ce concept est bel et bien réel. À y réfléchir, ce n’est pas un concept, personne n’a conçu les personnes transgenres. Elles existent et c’est tout. Et comme tout être vivant, elles ont droit au respect, elles ont la liberté de vivre et elles sont aussi normales, humaines, que moi, qui suis très hétéronormée et tout à fait conventionnelle.
Alors oui c’est sérieux, on ne peut plus sérieux. D’ailleurs, un transgenre ne se déguise pas, il s’habille comme n’importe qui le matin, en fonction de ce qu’il est et de ce qu’il va faire de sa journée.
Vous ne verrez jamais un « vrai » gamin de 6 ou 7 ans s’évertuer à convaincre ses parents qu’il est une fille alors que dans la cour de récré, tous les garçons se moquent des filles. Revendiquer sa transidentité dès la prise de conscience, c’est se mettre dans la ligne de mire, s’exposer pour se faire abattre. Ce n’est pas un jeu. Un courage vertueux est nécessaire pour entamer ce combat et la plupart s’y abiment malheureusement.
Je reprends ce qui se profile comme un véritable adage, à raison : On ne devient pas transgenre, on naît transgenre, parce que oui, il faut le répéter encore et encore. L’individu, une fois qu’il a réalisé la supercherie de mauvais goût dont il est l’objet – naître fille dans un corps de garçon (ou l’inverse)-, se voit confronter instantanément au problème qui deviendra le reste de sa vie : le regard de la société. Il est une illusion, ce que les autres perçoivent ne correspond pas à ce qu’il est. Comment faire pour parvenir à s’en sortir et à s’exprimer à raison lorsqu’il est face à un auditoire qui veut comprendre à tout prix les choses avant de les accepter ? Il faut bien intégrer que ces gens sont d’emblée condamnés, exclus. Chaque personne qui n’est pas transgenre ne pourra jamais s’imaginer ce qu’est la transidentité puisqu’il n’est pas dans le cas. Moi qui vis dans sa proximité au quotidien, moi dont un être cher est directement concerné, je ne le conçois toujours pas.
Nous sommes à l’heure où nous devons aussi accepter les choses que nous ne comprenons pas.
En général, l’homme intègre ce qui le touche, ce pour quoi il est capable d’éprouver de l’empathie. Il n’est pas aisé de se mettre à la place d’une personne transgenre quand on n’en est pas une. Cet état déroute, déconcerte, sort de tout entendement, dégoute même, jusqu’à en vomir, génère le malaise, la colère.
C’est parce que j’ai vu souffrir mon père de cette réalité pendant toute mon enfance, qu’il a dû subir, à répétition, les réactions extrêmes des autres, en commençant par celles de son épouse, ma mère, que je ne veux plus me taire. Même si à l’époque j’ignorais tout de la situation, la gêne était omniprésente et elle nous a tous bouffés.
Mon père a passé sa vie à se cacher, à disparaître. En vrai, je n’ai jamais eu de papa, la société me l’a volé, parce qu’il n’était pas présentable. Il n’était pas admis d’avoir un père femme, puisqu’un père, c’est avant tout un homme, ainsi soit le cadre.

Alors oui, la transidentité de mon papa est on ne peut plus sérieuse. Il ne se prend pas pour une femme, il est une femme. Il ne s’agit pas de faire le cirque, de se travestir, de se déguiser ou d’aller raconter des histoires dans les écoles maternelles. Il ne s’habille pas en femme, il est une femme — je me répète. Lorsque je vous la présenterai, vous ne penserez pas à mon père qui est transgenre, vous ne verrez que la femme. Vous serez convaincu de parler à ma mère, vous me direz d’ailleurs « votre mère » à tout bout de champ, jusqu’à ce que je vous rétorque, sans doute un peu trop sèchement : « Ce n’est pas ma mère ». Vous resterez un brin hébété, je lui ressemble tellement, et puis vous vous rappellerez que mon père est transgenre et que cette femme-là, celle que vous jugez très féminine et proche de sa fille, c’est mon papa.
La normalité, ce cadre qui rassure, guide, accompagne
Un jour, un homme a établi un cadre qui devait convenir à tout le monde, un référentiel. Or, ce cadre ne correspondait qu’à lui et à la majorité dont il faisait partie. Il l’a généralisé, abusant de son pouvoir. Pourtant il le faisait avec bienveillance puisque son peuple était en déroute. Il devait s’affirmer pour mettre de l’ordre et permettre aux gens de vivre en paix. Ils avaient besoin d’un guide, d’un signal fort. Aujourd’hui, alors que la société se réveille enfin, sort de l’emprise de ce profil inconvenant, et se rend compte que finalement peu de personnes y adhèrent encore, c’est la cohue.
Imaginer que cet homme ait conclu que la normalité serait les couples homosexuels, que l’humanité serait constituée de tribus unisexes, que de grandes cérémonies saisonnières seraient organisées en vue des copulations nécessaires à la sauvegarde de la race humaine. Les enfants, une fois sevrés, rejoindraient les clans de leur genre.
On peut inventer des milliers de sociétés différentes à partir de ce que nous sommes. D’ailleurs, il y en a eu une quantité folle tout autour de la Terre, au fil des âges, autant que nous avons exterminées, jugeant ces autres comme impurs. Nos valeurs fondamentales ne sont pas immuables, mais nous voulons sans cesse les établir et les répandre avec force. Chaque cadre que nous posons exclut une fraction de la population, on a beau le déplacer, l’assouplir, l’agrandir, à chaque mouvement, un nouveau groupe se rappelle à nous pour clamer qu’il est oublié dans ce qui vient d’être instauré.
Si nous souhaitons être à ce point inclusif, nous devons arrêter de cadrer, c’est aussi simple que cela. Nous devons apprendre à vivre sans cadres, prendre confiance en nous et respecter les autres. De mon point de vue, la seule valeur indispensable est le respect. Il s’agit d’un respect qui ne prend pas de décisions pour les autres, de façon intime, jamais.
La soumission, la loyauté, la fidélité sont des notions féodales. Pour nous épanouir, nous devons nous affirmer pour ce que nous sommes, en toute liberté, en dehors du cadre, quel qu’il soit. C’est ce que les personnes transgenres font aujourd’hui avec courage.
Jessy, être unique au genre fluide
Je viens de m’épandre avec longueur sur les personnes transgenres parce que justement ces hommes (ou ces femmes) ne se travestissent pas en femme (homme). Le sujet de mon article n’aborde pas la cause de la transidentité, mais je me devais de la poser très clairement, car les amalgames sont la norme et c’est une faute grossière que je souhaite dénoncer.
Les personnes transgenres représentent quelques 2 à 3 % de la population pour celles référencées. C’est peu et beaucoup à la fois. Certaines sont toujours anonymes et préfèrent se taire, faussant la statistique. Mais dans cette fraction reconnue, un certain nombre n’est pas réellement transgenre, car eux aussi se confondent. Dans cette quantité, certains hommes présentent un faible pour se déguiser en femme, pour de vrai, tout en demeurant des hommes, le reste du temps.
L’identité de genre est loin d’être une dualité simpliste, les variations sont infinies. C’est également ce que nous apprend l’ADN, l’unicité des individus, la biodiversité. Nous sommes tous différents. Entre le vin blanc très blanc, voire transparent et le vin rouge, très sombre, épais, il existe une multitude de nuances, des blancs, des jaunes, des roses, des rouges, des pourpres et des noirs. De la femme la plus féminine à l’homme le plus viril, c’est pareil.
Chacun de nous se situe à un endroit unique de la ligne qui mène de la femme à l’homme, quel que soit le genre assigné à la naissance. Certains même ne sont pas sur cette ligne, après tout, l’espace nous appartient. Aujourd’hui, Jessy m’annonce sa fluidité de genre : je voudrais parfois m’affirmer en femme, explique-t-iel, et parfois en homme.
C’est-à-dire ?
Je pourrais porter des perruques, enfin cela dépend des moments et de mes humeurs, et me maquiller davantage.
Je la·e contemple, m’attarde sur sa longue toison soyeuse aux reflets dorés. Ses cheveux naturels sont splendides, j’en serais jalouse si ce sentiment ne m’était pas totalement étranger. Les lignes de son visage sont fines et à la fois angulaires, atypiques, originales, soutenues. Je me souviens d’iel enfant, magnifique, rayonnant, ce petit que tout le monde regarde parce qu’il est beau. Aujourd’hui, ses traits se sont affirmés, l’éloignant de toute ressemblance à ses parents. Iel n’est plus l’enfant de personne.
Jessy s’habille déjà à sa façon, avec un style pratiquement indéfinissable, ni homme ni femme et pourtant pas neutre. Je connais son attirance mixte, bi. Bref, je comprends peu son stress du moment, cette difficulté qu’iel a à se confier sur ce sujet qui me paraît évident. Quelque chose doit m’échapper, je dois creuser. Je devrai attendre que le choc de l’aveu soit passé. Jessy ne semble pas à l’aise alors qu’iel sait que je suis tombée dans cette sphère dès mon enfance.
Alors je me pose, hébétée. Je pensais avoir intégré toutes les subtilités de genres, je croyais avoir fait le tour de la question et voici un nouveau cas, unique sans doute, qui paraît se soustraire. Pourquoi Jessy veut-iel s’habiller en femme ? Pour le plaisir ?
La femme, objet de tous les désirs ?
J’avoue, je m’amuse de mes constats du moment, car je suis sidérée par les possibles de l’humanité alors que la plupart d’entre nous se cantonnent dans tellement peu de choses.
Est-ce parce qu’on a relégué la femme à un niveau subalterne qu’on la convoite plus que jamais ? La société change, à coup de combats, certes, elle s’ouvre et tend à rééquilibrer les statuts, ce qui me semble bien. Cela aurait dû toujours être ainsi et j’en veux particulièrement à tous ces bienpensants éditeurs de cadres.
Alors si les revendications des femmes s’affirment, parfois trop, l’extrémisme n’est jamais bon, celles des hommes sont plus discrètes, et pourtant, elles sont omniprésentes. La femme tend vers l’homme et l’homme tend vers la femme, de façon irrésistible et irrémédiable. Après tout, nous faisons tous partie du genre humain, et là il n’y a aucune variable possible — ou pas encore, mais nous n’y sommes pas.
L’humanité se simplifie, se codifie, se case pour mieux se comprendre et se solutionner. La tendance à juger l’autre est une des caractéristiques des plus humaines. Juger permet de comprendre et de faire quelque chose de ce cas. (parce qu’il faut toujours faire quelque chose de tout, il faut gérer, organiser, ça aussi c’est humain — on ne peut pas rester sans rien faire — le politique est un friand adepte du concept). Alors, moi qui considère cette démarche universelle comme abominable, j’ai très envie de juger, et de généraliser — pour une fois : Tous les hommes rêvent de se déguiser en femme. C’est sans doute faux, mais ils sont nombreux, même parmi les ours, à profiter du carnaval pour s’y adonner. Ils le font parfois avec goût, mais souvent avec humour ou pire avec dérision. Cette dérision leur donne certainement le courage de s’afficher enfin en ce qu’ ils convoitent depuis longtemps. On voit plus rarement des femmes s’habiller en homme et fanfaronner de la sorte, parce que pour une femme, s’habiller en homme, c’est encore s’habiller en femme. Il n’y a rien de plus craquant qu’une femme dans son trois pièces élégant, elle sera encore plus attractive si elle y ajoute le borsalino.
L’homme admire la femme, cette belle créature qui souvent le fait fantasmer. Mais vraisemblablement, cette attirance ne s’arrête pas là. Il rêve de devenir comme elle, d’être elle. Il ne la convoite pas uniquement, il convoite aussi ses atouts, ses privilèges dont il veut bénéficier sans intermédiaires.
Aujourd’hui, les hommes prennent soin de leur personne, revendiquent du temps pour ce faire. Ils se musclent à la salle, ils s’enduisent le corps d’huiles diverses, ils se rasent ou taillent leur barbe, d’ailleurs les barbiers sont revenus en force, ils se teintent les cheveux, s’épilent les mollets, se parfument et font leurs ongles, utilisent des crèmes de jour et de nuit, vont chez l’esthéticienne se faire pouponner, se maquillent pour estomper leur bouton ou se faire beau, tout simplement, ils recourent aussi à la chirurgie esthétique… et cela devient normal.
Ils réclament des congés parentaux paritaires, s’occupent des enfants, changent les couches, font le ménage et la cuisine, font les boutiques et essayent les vestes jusqu’à dénicher celle qui leur va comme un gant. Ils le font et s’en cachent de moins en moins.

Comme chaque fois, tout est dans tout, on ne saura jamais si c’est la poule ou l’œuf qui est apparu en premier, les choses ne sont jamais aussi faciles au demeurant, la science nous a beaucoup appris sur le sujet. Je n’ai jamais été convaincue par les différences entre hommes et femmes. De la même manière que pour les tortues, la différence entre les sexes n’est qu’une question de température : 25 degrés pour les mâles et 33 pour les femelles, la base du corps est toujours la même.
C’est l’humanité qui instaure les distinctions, afin d’assouvir son besoin gigantesque de cadrer et de classer. Et comme d’habitude, une fois le cadre en place, elle n’a plus qu’une idée en tête, c’est d’en sortir. Une seule chose est évidente : pour assurer la sauvegarde du genre humain, il faut procréer, mais devons-nous réellement tous nous attacher à cette tâche ? À mon sens, seule une fraction suffit. Abandonnons cela à ceux qui s’y plaisent et laissons les autres tranquilles. L’humanité peut se satisfaire d’une quantité réduite de vraies femmes et d’une autre d’hommes véritables pour garantir sa pérennité. Pour le reste ? Vive la liberté.
Et si vous pensez que je devrais me taire, la société hétéronormée ne devait pas obliger ma grand-mère ou mon père à fonder la famille conventionnelle généralement requise. Aucun des deux ne voulait d’enfants, ils ne le sentaient pas, ce n’était pas dans leur nature. Je suis une erreur édifiante de l’humanité et je ne devrais pas être parmi vous.