Petite, on a essayé de me faire gober que les garçons naissaient dans des choux(bleus), et les filles dans des roses (roses). Ça n’a pas marché. Du coup, on m’a fait le coup de la cigogne, avec force images d’Épinal et autres illustrations animalières. Cela n’a fait que susciter deux questions : pourquoi la cigogne transportait-elle le bébé dans un torchon de cuisine, et comment faisait-elle pour ne pas le lâcher ?
Une question ne se posait pas en revanche : il y avait bien des bébés filles d’un côté, et des bébés garçons de l’autre.
Petite, je ne me suis jamais demandée si j’étais une fille : je le savais. Je n’avais pas de pénis : j’étais une fille.
Aujourd’hui, la situation s’est complexifiée.
Complexité du Genre à l’Ère Moderne
Il n’y a plus les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Les mâles et les femelles. Les hommes et les femmes. Non.
Il y a les filles qui se sentent filles, et les filles qui se sentent garçons. Les filles qui se sentent un jour fille, un jour garçon, un jour ni l’un ni l’autre, un jour les deux… Mais, scientifiquement parlant, à ce stade il s’agit toujours de personnes dotées d’organes génitaux féminins. Plutôt que de les appeler filles, femmes, femelles, termes jugés discriminants par certains, on préfère les appeler des personnes « menstruées ». Image ô combien poétique que la fille femme femelle qu’on n’a plus le droit de nommer adore bien évidemment donner d’elle !
Parce que franchement : si on commence à parler de discrimination, n’est-il pas encore plus discriminant d’être déterminée* par ses règles ?
Il y a les garçons qui se sentent garçons, et les garçons qui se sentent filles. Les garçons qui se sentent un jour garçon, un jour fille, un jour ni l’un ni l’autre, un jour les deux… Scientifiquement parlant, il s’agit toujours de personnes dotées d’organes génitaux masculins. Des veinards de surcroît, qui ne bénéficient pas de signes distinctifs qui permettraient de les identifier comme c’est le cas chez les personnes susnommées. Un vieux reste facétieux de la société patriarcale ?
Et puis il y a les filles qui se sentent garçon au point de le devenir. Pas très judicieux par les temps qui courent, le mâle n’ayant pas bonne presse. Surtout s’il a le malheur d’être blanc et hétérosexuel.
Et les garçons qui se sentent filles au point de le devenir. J’en connais qui ont mal rien que d’y penser.
Mais alors… qu’advient-il des filles qui sont devenues des garçons qui se sentent filles (peut-être parce qu’ils sont nés filles), et des garçons qui sont devenus des filles qui se sentent garçons ?
Et qu’advient-il des mots ?
On n’a de cesse d’éradiquer les termes genrés, et pourtant tout ce que veulent les détracteurs du genre c’est aller brouter dans le genre d’à côté…
*la nature étant encore ce qu’elle est et les garçons hommes mâles n’étant pas « menstrués », je me permets de garder le féminin…